mardi 28 mai 2013

Asnapio 2013, quatre jours en Gaule...

C'était à la fin du mois d'avril dernier. trois journées de cours et d'animation au parc archéologique Asnapio, à Villeneuve d'Ascq. Le programme était solide. Une journée d'expérimentations sur les céramiques gauloises régionales, une journée "masterclass" avec des étudiants en archéologie ainsi que des guides du Parc, une journée de cours "privés" réservée au public, puis la manifestation "Arrête ton char, Gaulois!" qui marquait le début de la saison au Parc.
La "domus", qui est aussi le portique d'entrée du Parc, dans ses couleurs de printemps...


Et c'était aussi l'occasion de prendre mes quartiers à la maison gauloise du Parc Asnapio. Très bel environnement pour toutes ces activités. J'ai presque regretté de ne pas avoir pris quelques couvertures ainsi que ma dinette pour y passer mes nuits aussi...
Le "quartier gaulois": Une maison d'habitation, une remise séparée et un grenier. Une architecture classique, bois et torchis, couverture de roseaux pour ces bâtiments.
L'intérieur de la maison. Cet environnement peut paraître plutôt spartiate, Mais on peut facilement en faire quelque chose de tout à fait douillet, et c'est surtout très facile à chauffer à la mauvaise saison. Et c'est surtout parfaitement sec malgré les murs de terre montés sur clayonnages.
  Les journées de cours, mais aussi les démonstrations destinées au grand public ont presque uniquement porté sur la fabrication des céramiques gauloises. Les pièces découvertes dans la région Nord-Pas-de-Calais montrent les traces de techniques assez étonnantes mêlant moulage, modelage et tournage, bien souvent ces trois manières de travailler étant appliquées sur le même récipient. la première journée était spécialement destinés à l'étude et la mise en application de cette chaîne opératoire. J'étais en compagnie de Davis Bardel, céramologue INRAP pour cette région, grand connaisseur des céramiques de l'age du fer, auteur d'une thèse remarquable traitant de l'analyse des corpus des céramiques des VIIème au Vème siècles avant notre ère ( La Tène A) dans le Centre Est de la France, ceci dans le cadre d'une recherche sur les sociétés, les économies et territorialités. Autrement dit le étudier aussi le rôle social de la céramique, et tenter de comprendre l'organisation des territoires au travers des aires de diffusion de productions bien spécifiées.
Bien que David ne soit pas un novice en ce qui concerne la pratique de la poterie, c'était une belle occasion par cette petite recherche de mettre à la pâte, et de mieux s'assurer que certaines traces repérées sur des pièces découvertes en fouille pouvaient correspondre à des étapes précises de leur fabrication.
Je reviendrai plus en détails sur quelques aspects et résultats obtenus lors de ces expérimentations dans une ou deux billets plus précis. qui devraient suivre ces prochains jours.
Concentration: David Bardel au travail sur la tournette gauloise.
Reprise au tour gaulois d'une céramique partiellement moulée et modelée. Une méthode totalement déconcertante pour un céramiste moderne, mais qui à l'expérimentation se révèle être diablement efficace.


Autre méthode de travail que je connaissais mieux pour la pratiquer occasionnellement, spectaculaire en démonstration, le montage des grandes pièces à la technique du colombin tourné.
Cette manière de faire, commune à de nombreuses sociétés anciennes , toujours pratiquée dans certains pays, consiste en empilements de gros boudins de terre, que l'on pétrit soigneusement pour bien les coller à la partie déjà existante. Ensuite, les parois sont amincies par tournage.
Si on veille à ne pas monter trop rapidement la pièce et que l'on respecte un temps de séchage suffisant pour raffermis la pièce afin qu'elle supporte son propres poids sans s'effondre, il n'y a pratiquement pas de limite à la taille des jarres montées de cette manière. On peut trouver des dolia, ces grandes jarres gallo-romaines destinées à stocker le vin, qui atteignent plus de 1000 litres de capacité...
mais là, je suis resté bien plus modeste. Terminée, cette dernière ne fera "que" 30 litres environ pour une hauteur de 50 cm.









Au début du montage, On aperçoit le dernier colombin posé et pétri. Il va être immédiatement encore un peu aminci et lissé par tournage.



























La journée de dimanche était dédiée au grand public, avec des démonstrations de chars de guerre gaulois par la troupe Les Leuki, et la compagnie "Les portes de l'Histoire", mais aussi par des démonstrations d'artisanats comme la fonte et la coulée de bronze, ou encore la fabrication de perles de verre.
Petites visite entre gaulois. le corps diplomatique des Leuki et des Portes de l'histoire en visite chez le potier...
Et que les céramologues ne soient pas déçus! Je reviendrai sur ces techniques régionales de fabrication, c'est promis!