mercredi 19 février 2014

Céramiques engobées et métallescentes des Gaules romaines

Première partie: les céramiques engobées.



Dans les grands familles typologiques qui définissent la céramique antique à vernis argileux, nous avons préalablement considéré les sigillées ainsi que les céramiques à parois fines. Dérivant directement de ces dernières, nous allons parcourir maintenant deux catégories distinctes, quoique aux limites assez floues pouvant considérablement varier selon les chercheurs qui les évoquent dans leurs études. 

Pour les définir globalement : 


Les céramiques engobées sont généralement des céramiques fines pourvues d’un vernis argileux non ou partiellement grésé, parfois mat, mais plus souvent brillant, montrant parfois des reflets irisés. Cette catégorie apparaît dans le courant de la seconde moitié du 1er siècle de notre ère, succédant aux productions à parois fines engobées, puis se poursuivra durant tout le haut-empire avec une apogée durant le IIIème siècle, où sur certains sites elle pourra constituer jusqu’à 70% du vaisselier, toutes catégories confondues. Durant l’Antiquité tardive, cette production se poursuivra longtemps encore, malgré une perte progressive de qualité. Les ateliers savoyards seront probablement les derniers à la pratiquer, jusque vers la fin du Vème siècle au moins.
Céramiques fines engobées de l'atelier de Thonon. Ces pièces portent un revêtement argileux partiellement grésé, légèrement brillant avec parfois des reflets irisés. (Fin IIème siècle)

Les céramiques métallescentes sont également des céramiques engobées, mais dont le revêtement généralement bien grésé prend, par des artifices de cuisson particuliers un reflet métallique qui peut aller d’une simple irisation à un aspect franchement doré ou argenté.. Cette définition s’applique souvent à un groupe de productions à vernis sombres apparues dans le courant de la seconde moitié du IIème siècle, d’abord discrètement en Gaule du  Centre et en Bourgogne, puis massivement en Gaule de l’Est, notamment dans les régions rhénanes. Cette famille de céramiques verra son apogée entre les années 200 et 275, puis déclinera doucement durant le IVème siècle, dont elle ne verra pas les dernières années.

Céramiques métallescentes classiques du début du IIIème siècle. Leur revêtement est sombre, brillant et présente un reflet métallique. (Musée de la Cour d'Or, Metz)

Le sujet est très vaste. Le traiter en un seul article serait fastidieux, ou nécessiterait des raccourcis ou coupes dommageables. Dans cette première partie, nous traiterons donc essentiellement des céramiques engobées.

Et pour préciser enfin, les Gaules, dans leurs délimitations antiques, comprennent toutes les régions situées entre  Rhin et Pyrénées, entre Manche et Méditerranée. Si le Piémont et la Lombardie actuelle formaient la Gaule Cisalpine aux temps de la République romaine, nous n’en traiterons pas ici. Non seulement, sous l’Empire ces régions seront rattachées aux provinces italiennes et alpines, mais leurs traditions céramiques sont trop différentes pour être associée à cette évocation. 

LES CERAMIQUES ENGOBEES GALLO-ROMAINES: 
Techniquement, une céramique engobée peut se nommer de plusieurs manières : Céramiques à revêtement argileux, à vernis argileux, parfois encore céramiques luisantes, mais résultent toujours d’une même technique. D’abord tourné, un récipient est mis à sécher jusqu’à atteindre la dureté d’un cuir ou d’un carton fort. A ce stade, on va éventuellement corriger sa forme, affiner ses parois et réaliser ses moulures par enlèvement de copeaux (c’est le tournassage) puis le polir, généralement à l’aide de galets, parfois de spatules métalliques. On y apposera éventuellement un décor par estampage, à la lame vibrante ou par dépôts de barbotine, puis on laisse sécher.
Le vernis que l’on va y apposer est toujours constitué d’une argile très affinée en suspension dans de l’eau. Le type d’argile utilisé pour fabriquer ces vernis peut faire fortement varier ses caractéristiques. Un vernis peut être mat ou au contraire très brillant. Il peut être simplement cuit, ou au contraire se vitrifier partiellement sous l’effet de hautes températures.


Engobage d'une céramique fine. Une fois séchée et cuite, la couche de vernis argileux ne dépassera pas quelques millièmes de millimètres d'épaisseur.


Chaque atelier avait sa recette. Si un vernis mat est simple à préparer, un revêtement brillant peut demander des années, des décennies de recherches et de mise au point. La qualité de l’argile est alors essentielle et les potiers se sont parfois approvisionnés dans des gisements fort éloignés de leur atelier. Ce n’était pas un problème. Ces revêtements argileux sont très fins, quelques millièmes de millimètres tout a plus, et deux mules portent facilement la quantité de terre nécessaire à l’engobage de dizaines de milliers de récipients.

A Gauche, un gobelet à revêtement mat de la Vallée de l'Argonne. Début du IIème siècle de notre ère. Les revêtements de cette époque pour la région sont généralement brun mat, parfois aussi orangés.


Les premières productions sont toujours difficiles à définir, se situant aux marges d’autres catégories, telles que les sigillées et leurs imitations, ou encore la céramique à parois fines.
Comme nous l’avons vu dans un article précédent, cette production, et surtout l’ensemble des formes qui y était associée, essentiellement des bols et des gobelets,  évolue vers la fin du Ier siècle à Lyon et à Lezoux pour prendre une morphologie particulière qui annonce l’esthétique des pièces du second siècle. La production lyonnaise semble s’éteindre progressivement, tandis que celle de Lezoux prendra plutôt un peu de vigueur avec les années.
Un gobelet à revêtement sablé de Lezoux. On se situe clairement à là limite entre céramiques à parois fines et céramiques engobées. Seconde moitié du Ier siècle. ( Musée Dobrée, Nantes)
Avec cet exemplaire, également de Lezoux, très proche dans sa ligne. On s'approche un peu plus de la catégorie des céramiques fine engobées. Son revêtement clair et brillant suppose une époque de fabrication ne dépassant pas les années 50 à 70 de notre ère.


Une production massive se développera très rapidement dès le tournant du siècle dans les ateliers du Nord-est des Gaules, particulièrement à Cologne, ainsi que dans les provinces bordant le Rhin, Alsace y compris. Un peu plus tard, vers les années 150 à 170, de nombreux ateliers démarreront de telles productions en Gaule du Centre, mais aussi sur le Plateau helvète et en Savoie, toutefois sans rivaliser avec les quantités produites dans les régions rhénanes ou de la Vallée de l’Argonne. Simultanément, la Bourgogne verra aussi se développer cette spécialité dans plusieurs ateliers importants tels que Gueugnon, Domecy-sur-Cure ou Jaulges-Villiers-Vineux. Lezoux continuera également à produire des céramiques fines engobées ou métallescentes, bien que l’accent principal de ce groupe d’ateliers restera focalisé sur la sigillée.
Gobelet de Cologne à "Décor de chasse". Le revêtement est sombre, plutôt mat.


Petit florilège de gobelets argonnais exposés au Musée de la Cour d'Or à Metz. Cet ensemble illustre bien la grande variété de coloris que les potiers gallo-romains parvenaient à obtenir. Toutefois, les ateliers de l'Est avaient tendance à systématiquement privilégier les revêtements sombres, spécialement pour la vaisselle à boire. Morphologiquement, et par la qualité de leurs vernis, les trois pièces sombres sont classées parmi la céramique métallescente.
Un groupe de gobelets engobés issu des ateliers de Bourgheim (Alsace, Bas-Rhin), probablement fin IIème siècle. (Musée Unterlinden à Colmar, exposition temporaire: "Florilège de céramiques gallo-romaines", 2009)
Il semble bien que ce soient les ateliers de Gaule Centrale, notamment du groupe de Lezoux, qui développèrent le processus jusqu’à atteindre un point de grésage des revêtements suffisant pour les pourvoir d’un lustre métallique. Ce furent apparemment les premiers à rechercher systématiquement les argiles calcaires pour tourner le corps de leurs vases. Ces terres ont pour faculté essentielle de favoriser l’accroche et surtout la vitrification partielle de l’engobe, phénomène essentiel pour l’obtention de revêtements brillants ou métallescents.

Gobelet métallescent de Lezoux, avec à gauche à l'arrière-plan une sigillée moulée à revêtement également métallescent. 

Les sigillée noires et métallescentes pourraient avoir constitué une étape importante dans l’élaboration des revêtements argileux grésés. Bien que le phénomène de cette vitrification partielle des revêtements ait été connu depuis longtemps avec les fabrications des sigillées de Gaule du Sud (La Graufesenque et ses ateliers associés notamment), on ne sait pas exactement pourquoi les ateliers de Lezoux fabriquaient jusque vers les années 110 à 120 uniquement une sorte d’imitation au revêtement non grésé, relativement mat. Peut-être un mauvais choix d'argiles siliceuses. Or, vers l’an 110, près d’une centaine de potiers de Lezoux déménagèrent à Gueugnon, et commencèrent a y fabriquer de la « vraie » sigillée. A peu près en même temps, quelques ateliers qui étaient restés sur place, notamment celui de Libertus, commencèrent à fabriquer de la sigillée…noire ! Etait-ce pour contourner un interdit contractuel ? On ne sait pas. Mais sans contrat avec les grands distributeurs, pas de survie possible, la sigillée n’étant rentable que fabriquée en grandes quantités. L’expérience de Libertus et ses associés de dura guère qu’une dizaine d’années, puis la plupart des fabricants qui avaient émigré à Gueugnon revinrent à Lezoux et commencèrent à y fabriquer de la « vraie » sigillée au revêtement bien rouge et bien grésé, sur pâte calcaire.
 Il n'est pas très facile de dater cette expansion de la mode de la céramique fine à revêtement argileux métallescent. On la situe en général vers les années 160-175, soit plusieurs dizaines d'années après l'apparition de la technique à Lezoux. Car il s'agit bien d'une technique, alliant un choix de composants argileux bien spécifiques à une ou plusieurs techniques de cuisson bien particulières. Cette mode ne toucha essentiellement que les Gaules du Nord, du Centre et de l'Est, régions dans lesquelles la vaisselle à boire sombre connaissait déjà un grand succès. Par contre, la moitié sud ne fut que très marginalement touchée.  La vaisselle sombre y est pratiquement inconnue, et hors les répertoires de la sigillée et de ses imitations proches, la vaisselle fine engobée resta peu abondante, et presque toujours de couleur rouge.
Gobelets à revêtement argileux du Musée d'Arles. (IIème-IIIème siècle) Les vases à boire rouges gardèrent toujours la faveur des consommateursdans les Gaules du Sud.




Un gobelet à revêtement argileux d'Avenches.
 
Il en est de même pour le plateau helvète. A la frontière des zones d'influence, on y trouve des céramiques engobées aussi bien sombres que claires. Et plus on se dirige vers l'Est, plus on approche des zones culturellement rattachées à l'aire germanique, et plus la proportion de vaisselle sombre est importante. La Suisse romande, bien que rattachée à la province de Germanie supérieure, semble conserver une certaine attache culturelle avec l'aire rhodanienne.Ainsi donc la production de vaisselle engobée claire y resta nettement dominante. De plus, les production sombres n'y furent que relativement rarement importées, malgré un courant économique plutôt favorable que l'on remarque par la présence assez fréquente de sigillées de Gaule de l'Est, notamment des officines de Rheinzabern. Il en est de même en ce qui concerne les importations de Gaule du Centre. La sigillée de Lezoux est omniprésente dans tous les sites ruraux et urbains, alors que les récipients engobés ou métallescents issus de ces régions sont extrêmement rares. Pour les potiers helvètes de Suisse occidentale, il n'aurait pas été très difficile de donner une teinte plus sombre à leur vaisselle à boire, mais apparemment les goûts locaux ne s'y prêtaient tout simplement généralement pas.
Une production typique des ateliers d'Aventicum: Les gobelets à décor figuré à la barbotine. Ce magnifique témoin montre la parfaite maîtrise de la technique décorative des potiers helvètes de la fin du deuxième ou du début du troisième siècle. Sur cette pièce, l'engobe brun-rouge est partiellement grèsé, brillant et légèrement irisé. (Fouilles universitaires du Parc Piguet, Yverdon-les-Bains, non publié.)
 
Si donc exceptionnellement les ateliers d'Avenches ont fabriqué des récipients engobés noirs, ce fait semble déjà plus fréquent à Berne, où les gobelets gris, brun-gris ou noirs sont nettement plus fréquents, et où une partie de répertoire est directement inspirée des productions rhénanes. Très peu étudiée à ce jour, cette production est typique des régions sur lesquelles plusieurs influences culturelles et stylistiques se chevauchent.





A gauche, un gobelet issu des ateliers de Bern-Engehalbinsel. On distingue encore les reflets irisés dont était pourvu le revêtement.





Un autre cas étonnant de chevauchement de styles est illustré par les productions des officines de Thonon, en Haute-Savoie. La dominante culturelle dans cette région de production devrait induire une gamme de produits à dominante claire, rouges ou brun-rouges. Mais cela n'a pas étonnamment pas été le cas et la part à tonalité sombre de ce vaisselier est assez importante. Cela nous laisse quelque peu songeurs quant à la clientèle à qui pouvaient être destinée cette vaisselle. Malheureusement on ne connaît pratiquement pas la zone dans laquelle cette vaisselle était diffusée. Quelques exemplaires clairs sont parvenus à Lausanne, et un ou deux  gobelets sombres sont attestés au Valais.

Gobelets de Thonon issus des fosses dépotoirs de l'atelier. Cette officine oscilla en permanence entre productions claires et sombres. A la frontière entre Narbonnaise et Germanies, cherchait-elle à satisfaire deux clientèles aux goûts différents? Si la qualité des revêtements classe clairement les gobelets ci-dessus dans le répertoire des céramiques fines engobées, leur morphologie les situe plutôt dans le répertoire des métallescentes. D'où toutes les difficultés de classement qui peuvent s'en suivre. Excellent sujet de palabres pour les céramologues...
Uniquement des gobelets?
Si les débuts de la production de céramiques engobées concernèrent essentiellement les vases à boire, progressivement d'autres formes seront concernées, d'abord uniquement la vaisselle de service, puis aussi quelques types de vaisselle utilitaire telle que les mortiers entre autres.
Berner Historisches Museum (réserves)
L'exemplaire illustré ci-contre en est un bel exemple. Ce genre de céramique est très fréquent dans les niveaux du IIIème siècle de notre ère sur le plateau helvète. D'assez nombreux exemplaires sont conservés dans les réserves du Berner Historisches Museum, et sont très probablement issus des ateliers locaux. On connaît également une telle production à Avenches et à Augst. Il s'agit là  toutefois d'une particularité régionale propre non seulement aux Helvètes, mais aussi à la province de Rhétie (Est suisse et Ouest Autriche): On les nomme d'ailleurs "Mortiers rhétiques" en référence à leur distribution géographique, mais aussi à laur forme et le présence d'un engobe. Plus tard, au Vème siècle, cet engobe sera parfois remplacé par une glaçure plombifère.

Ce bol issu des ateliers de Berne est un autre bel exemple de vaisselle de service engobé: La panse de ces bols est généralement décorée, et toute la palette des techniques de l'époque peut s'y exprimer, comme sur les gobelets.
Bols bernois issus des dépôts de ratés de cuisson de l'atelier local. Les décors par guillochage, estampage ou dépôt de barbotine sont omniprésents sur ces récipients comme sur les gobelets. (BHM Berner Historisches Museum, réserves)
Les coloris brun-rouge à brun orangés semblent avoir été systématiquement recherchés sur ces bols. Les exemplaires sombres sont rarissimes. Peut-être a-t-on voulu imiter l'aspect des sigillées, encore en circulation au moment de ces fabrications. Les ateliers de Bern-Engehalbinsel ont apparemment été actifs jusque vers les années 275-280 de notre ère. Les bols illustrés sont typiques du IIIème siècle. Ce vaisselier est stylistiquement très proche des productions d'Aventicum,  la capitale des Helvètes, qui n'est distante que de 35 km. La similitude des formes, des styles de décor les rend vraiment difficiles à différencier. Un troisième atelier, ou groupe d'ateliers à simultanément fonctionné à Studen, l'antique Petinesca, située 25 km plus au Nord. Le développement d'un tel style régional n'a rien d'exceptionnel, et c'est même une des spécificités de cette céramique gallo-romaine engobée, et de nombreuses régions des Gaules ont fait de même. Les potiers des IIème et IIIème siècle ont ainsi pu quelque peu se libérer du carcan imposé par la normalisation des formes et décors des sigillées, créer des styles propres à leur région et donner libre cours à leur créativité. Toutefois  dans bien des cas ont ressent toujours la ressemblance avec les sigillées toujours assez en vogue à cette époque. Boire et manger "à la romaine" était très important dans ces sociétés encore parfois pétries de culture celtique finissante, mais aussi métissées d'apports germaniques récents. Le repas du soir, la cena, était pratiquée dans tout le monde romain, c'était un acte social essentiel que nul ne pouvait ignorer, quels que soient ses appartenances sociales ou ses moyens. On y rencontrait sa famille, ses amis, mais aussi et surtout sa clientèle et ses patrons. La société romaine était faite de réseaux, de multiple entrelacs horizontaux et verticaux. Le repas du soir en était le ciment.
Exhiber une telle vaisselle lors de la cena était un élément parmi d'autres signant l'appartenance à un groupe social bien défini. Une mode, un style décoratif n'était pas un fin, mais un moyen de se placer dans un groupe.
C'est en cela que ces céramiques engobées régionales sont intéressantes pour la recherche. Elles nous permettent de tenter de délimiter groupes ou strates sociales, mais aussi les aires d'influences culturelles. Mais c'est aussi un champ immense de découvertes et d'émerveillement sur une esthétique qui ne nous parvient généralement plus que par petits fragments. De petits éclats de voix dispersés dans la terre, qui nous racontent notre passé...


La céramique métallescente en Gaule romaine

Seconde partie de l'article "Céramiques engobées et métallescentes de Gaule romaine": 
Les céramiques métallescentes.


Comme nous l’avons précisé dans le précédent article, la céramique métallescente n’est qu’une variante dans la grande famille des céramiques fines engobées gallo-romaines. Elle se distingue généralement par une gamme de surfaces aux couleurs sombres présentant un reflet métallique prononcé. Ces coloris et reflets sont le résultat d’une volonté d’obtenir un grésage (vitrification partielle) foncé de la surface Cette céramique est issue d’une dizaine d’ateliers en Gaule du Centre, principalement Auvergne et Bourgogne, et probablement plus d’une quinzaine en Gaule de l’Est, Alsace, Moselle (Argonne) ,  Lorraine et  Rhénanie.
A la base, ce répertoire comprend une série de formes bien délimitée, comprenant essentiellement de la vaisselle à boire, gobelets, pichet et cruches.

Une belle palette de céramiques métallescentes typiques. Productions de Trèves (actuellement en Allemagne) pour la plupart. Leur revêtement est sombre, et souvent suffisamment irisé pour donner un aspect métallique à la surface ainsi traitée. (Musée de Tongres) Photo http://www.galloromeinsmuseum.be/exposition_permanente/la_collection


CERAMIQUES METALLESCENTES, UN PROBLEME DE DEFINITION ?


Un gobelet tulipiforme métallescent, probablement
issu des ateliers de Lezoux, il a été découvert à
Bavai et se trouve exposé au Musée de la Ville
Evoquer les termes de « céramique métallescente » c’est d’emblée se heurter à un problème de définition. Par essence ce terme qualifie l’aspect visuel d’un engobe argileux qui, par les reflets métalliques qu’il arbore, donne l’aspect de l’étain ou de l’argent, parfois aussi du bronze ou du cuivre polis. De cet aspect extérieur, on en a fait une catégorie de céramiques à engobe argileux sombre, que ce revêtement ait des reflets métalliques ou non. De plus, selon les groupes de chercheurs, les dénominations peuvent encore varier. « Firnisware » ou « Glanztonkeramik » en aire germanophone, « colour coated ware » ou encore « black slipped ware » chez les anglophones, « céramiques engobées », « céramiques à revêtement argileux », « céramiques métallescentes » pour les chercheurs francophones. Et encore ces derniers n’appliquent pas tous les mêmes critères de définition en Belgique, en Suisse romande ou en France...

Après le Colloque de Louvain-la Neuve en 1995, un certain consensus est apparu pour attribuer le terme de « métallescent » aux revêtements noirs à reflets métalliques, sans que le problème de définition des engobes plus clairs présentant ce type de reflets soit vraiment résolu. L’interrogation sur la définition générale de « métallescente » pour un groupe de formes des IIème et IIIème siècles, presque uniquement des gobelets, dont les revêtements sombres présentent des reflets métalliques ou non, n’a pas vraiment trouvé d’issue, quoique dans les années qui ont suivi, un consensus dans cette direction s’est tout de même dégagé. C’est donc dans ce sens que Fabienne Vilvorder, Raymond Brulet et Paul Symonds ont rédigé l’indispensable « Dictionnaire des céramiques romaines en Gaule du Nord », ouvrage essentiel pour quiconque s'intéresse à ce genre de vaisselle, quelle que soit le région des Gaules.

Il n’en reste pas moins que ce sujet est toujours l’objet de belles palabres et nous n’allons pas tenter de mettre tout ce petit monde d’accord ici. Mais pour plus de commodité, dans les paragraphes qui suivent, le terme « irisé » définira un revêtement ou un engobe à reflets métalliques. Donc un aspect externe, hors de toute considération typologique, et le terme « métallescent » se rapportera à une classe de céramiques bien précises dans le répertoire des formes des vases à boire notamment.


LES MODES DE CUISSON :

Cuisson réductrice-oxydante, post cuisson oxydante. La montée en température est toujours faite d’une alternance de phases oxydantes et réductrices, au gré de l’introduction des brassées de bois dans le foyer. Dès la température maximale atteinte, on laisse le feu s’éteindre, et l’air atmosphérique se réintroduira dans la charge à cuire et provoquera une oxydation générale de la charge en cours de cuisson. C’est le mode de cuisson de toutes les céramiques communes claires, et de des céramiques à revêtement argileux irisés, métallescents ou simplement luisants, à tesson clair. Les coloris des revêtements argileux peuvent s’échelonner du rouge au noir, selon les températures atteintes et la conduite du feu. On peut donc parfaitement associer la cuisson de céramiques à revêtement argileux de ce type avec des communes claires.
Un tesson de céramique métallescente  de type A. L'aspect du revêtement est franchement métallique, la cassure du tesson est claire. Cette céramique a été réoxydée après cuisson. C'est le cas de la plupart des métallescentes actuellement classifiées comme telles.

Cet exemplaire au revêtement craquelé pourrait être une production d'Autun. Jusqu'à peu, la fabrication de tels gobelets dans cette ville était très incertaine. Mais des fouilles récentes aux Faubourgs d'Arroux pourraient changer la donne après la découverte d'un nouvel atelier et de nombreux tessons de ce type.



Cuisson réductrice-oxydante, post cuisson réductrice. La montée en température est toujours faite d’une alternance de phases oxydantes et réductrices, au gré de l’introduction des brassées de bois dans le foyer. Dès la température maximale atteinte, on provoque une réduction, éventuellement un enfumage en scellant le four au torchis, ceci de la manière la plus
Un gobelet issu des ateliers de Berne.
Son tesson est gris, et sa couverte a conservé
une bonne partie de son irisation d'origine.
(Réserves du Berne Historisches Museum)

hermétique possible, après avoir préalablement bourré le foyer de combustible. Un bois humide favorisera un bon enfumage, tandis que des combustibles secs donneront plutôt un enfumage léger sans prétériter la réduction. Certains types de céramiques à revêtement argileux sont réalisées de cette manière, notamment quelques types de terra nigra engobées, dont des imitations de sigillées noires, mais aussi certaines dérivées tardives de terra nigra, dont d’assez abondantes productions de vases à liquides des IIIème et IVème siècles. Le tesson  est souvent gris, quoique certaine argiles prenant mal la réduction conserveront un cœur brun-rouge sombre. Dans ces cas on observe souvent en plus un zonage gris ou noir sous le revêtement. Certaines de ces productions peuvent être d’aspect fortement irisé et font donc partie de la classe de la céramique métallescente.
Ces céramiques à revêtement argileux peuvent parfaitement être associées à des communes grises lors de leur cuisson.


Les revêtements irisés ou métallescents obtenus en mode de cuisson A.

Ce groupe de revêtements inclut à la base tous les coloris disponibles dans la gamme des revêtements argileux. Bien que très souvent le « fond » du revêtement soit noir ou au moins très sombre, on trouve de nombreuses variantes plus claires que l'on classifie parfois dans le domaine des céramiques engobées..
Les revêtements sombres peuvent arborer des reflets cuivrés ou argentés, même parfois violacés. Lorsqu’on a affaire à des fonds plus clairs, généralement bruns-rouges ou orangés plus ou moins foncés, ou parfois encore bruns-verts, les reflets sont le plus souvent cuivrés. Toutefois, quelle que soit la couleur du fond, les effets de reflet peuvent considérablement varier en fonction de la lumière ambiante. Ainsi l’aspect de surface d’une céramique à reflets métallescents sera totalement différent dès lors qu’on l’expose à la lumière d’une ampoule à incandescence ou en plein jour sous un ciel bleu.

Le tesson sous-jacent des céramiques métallescentes cuites selon ce mode seront toujours clairs, comme le seront certains décors superposés à l’engobe, par exemple sur les gobelets à devises des ateliers du groupe de Trèves. La majorité des céramiques à revêtement argileux des IIème et IIIème siècles sont produites suivant ce mode A, soit une cuisson réductrice-oxydante suivie d’une post-cuisson oxydante
 
Céramiques métallescentes au Musée de la Cour d'Or à Metz. L'exemplaire de gauche provient des ateliers de Trèves, celui de droite probablement des ateliers de Cologne. Tous les deux sont cuits en mode A, donc avec une post-cuisson oxydante.

C'est ainsi qu'il devient parfaitement possible d'ajouter un décor clair sur un revêtement métallescent noir. C'est uniquement une question de choix d'argiles. La terre utilisée pour le décor ne doit pas gréser à la cuisson, et ainsi elle se réoxydera et reprendra "facilement" sa couleur claire lors du refroidissement. En théorie, c'est facile à comprendre. Le mettre en pratique est une autre histoire...


Les revêtements métallescents obtenus en mode de cuisson B
Toujours sombres, suivant une gamme de coloris allant du gris au noir, ces revêtements peuvent arborer des reflets métalliques discrets, mais parfois aussi très prononcés. Le plus souvent argentés, ils peuvent aussi parfois prendre des reflets cuivrés ou violacés, façon «aile de corbeau »
Un gobelet à haut col métallescent.
probablement issu des ateliers de l'Argonne,
(lieu d'exposition inconnu)
Cuisson mode B
Le tesson sous-jacent est souvent gris, mais parfois aussi brunâtre avec un liseré, un « zonage » gris ou noir sous le revêtement.
Bien que moins fréquentes que la catégorie précédente, ces céramiques se rencontrent dans le bassin de l’Argonne, et peut-être ailleurs en Gaule de l’Est, peut-être l'atelier de Brumath.
Fabienne Vilvorder a reconnu des tessons de ce type cuits en mode B notamment dans les ateliers d’Avocourt 3 et Les Allieux. Mais sur les 33 ateliers ayant produit des céramiques engobées et/ou métallescentes en Gaule de l’Est, nous n’avons que fort peu de description sur les couleurs des pâtes, et leur éventuelle différentiation entre productions engobées cuites en mode A et productions métallescentes A ou B.
On trouve également ce genre de production à Thonon, avec des revêtements allant du gris au noir, très rarement avec reflets métallescents. Les ateliers helvètes, notamment Berne et Avenches ont également produit ce type de céramiques, réalisant des copies de très belle qualité des productions des ateliers de Trèves, parfois franchement métallescents. Ce mode de cuisson interdit toutefois les décors superposés, qui deviendraient noirs mat au lieu des motifs blancs ou ivoire réalisés dans les ateliers mosellans.
Un échantillon de la "métallescente B" de l'atelier de Bern-Engehalbinsel. le tesson de ces gobelets est toujours gris ou brun gris, le revêtement va du gris foncé au noir. C'est une production très soignée, aux parois très fines. Tiré de Rammstein Marianne, Worb Sunnhalde, ein Gustshof im 3. Jahrhundert. Bern, 1998
 La vaisselle réalisée sur ce mode de cuisson est toutefois cuite à plus basse température que celle réalisée en mode A. On a donc des pièces d'un part moins résistantes aux chocs, et le revêtement est plus sensible à l'abrasion et au vieillissement. 


COMMENT OBTIENT-ON LES REVÊTEMENTS METALLESCENTS ? 
 Autant le préciser d’emblée, il n’est pas simple aujourd’hui de reproduire de tels revêtements. Non seulement le savoir-faire des potiers antiques s’est largement perdu, mais les tentatives actuelles en expérimentation butent souvent sur des problèmes de choix d’argiles. Les sources d’approvisionnement des ateliers antiques sont généralement perdues, et justement  ce sont le choix et l'assemblage des argiles qui apparaissent important si l’on souhaite réaliser de tels revêtements. Ce n’est probablement pas sans raison de ce genre que lorsque plusieurs ateliers issus de régions géologiques différentes ont produit le même type de récipients, certaines de ces productions arborent généralement des reflets métallescents alors que d’autres ne les montrent pratiquement jamais.
Donc, ce n’est souvent qu’après de multiples essais que l’on pourra tenter une approche systématique. Chaque revêtement doit être testé sur plusieurs pâtes différentes, qu’elles soient préparées industriellement ou artisanalement. Pour des raisons que l’on ignore, les réactions d’un engobe sur une pâte peuvent passablement varier d’une combinaison à l’autre. Si la présence de calcaire ou non peut être un facteur important, la porosité ou la proportion de la fraction argileuse du tesson semblent très importants aussi.


La qualité essentielle d’un revêtement sera sa faculté de partiellement se vitrifier à relativement basse température, généralement entre 1000 et 1080 degrés selon sa composition. C’est une couverte de type « sigillée », donc une argile extrêmement épurée par décantations successives.
Lors de la cuisson en mode A, soit réductrice-oxydante avec post-cuisson oxydante, il est nécessaire d’atteindre cette température de grésage lors du grand feu. Une éventuelle phase de réduction peut être nécessaire pour assombrir le revêtement, puis dans un second temps l’apport d’oxygène oxydera le quartz présent dans l’engobe et le rendra irisé, un peu à la façon des verres de Murano. 
Un lot de gobelets métallescents cuits en mode A. ( répliques de pièces alsaciennes)
 Par contre lors de la cuisson en mode B, il ne faut pas atteindre le point de grésage lors du grand feu, mais immédiatement procéder à une réduction complète avec enfumage. On ne connaît pas le processus de la réaction qui reste assez mystériqux, mais il est probable que l’on ait affaire à une combinaison de carbone sous forme de graphite avec certains des composants de l’engobe aboutissant à la constitution d’une pellicule argentée. Ce type de revêtement est parfaitement étanche, semble grésé en surface, mais est apparemment plus tendre que ceux réalisés selon la méthode précédente.
Un gobelet cuit en mode B. On remarquera des céramiques communes grises en arrière-plan, qui ont été cuites en même temps. C'est une réussite exceptionnelle réalisée lors d'une cuisson mémorable à Autun en décembre 2013.


QUELQUES REGIONS DE PRODUCTION:


La Gaule du Centre: 
Un gobelet sphéroïde à décor floral. Parfois attribué à Lezoux,
parfois à Toulon-sur-Allier. Cuisson mode A
(lieu d'exposition inconnu)
Initiée par les ateliers de Lezoux, cette production a petit à petit essaimé dans des centres secondaires de la même région, comme Vichy, ou Toulon-sur-Allier
C'est une production précoce qui apparaît à Lezoux dès le milieu du IIème siècle, un peu plus tard dans les autres officines. la réalisation est très soignée, les parois sont fines et le mode de cuisson toujours en A
L'apogée de cettte production se situe vers l'an 200, puis déclinera quantitativement ensuite. 











La Bourgogne:
5 ateliers ont produit des céramiques engobées ou métallescentes:



Gueugnon: 
Parallèlement à une production de sigillée attestée dès le début du IIème siècle. une production de métallescente a vu le jour au milieu du IIème siècle et à duré jusque vers 260, avec une production de gobelets, mais aussi d'assiettes et de bols.  Production uniquement en mode A














Domecy-sur-Cure et Champallement:
Production importante de céramiques fines engobées et parfois de métallescentes également aux IIème et IIIème siècles de notre ère. Comme sur ce tesson découvert à Autun, les revêtements sont souvent fortement irisés, mais généralement plus clairs que ceux de Gaule de l'Est. Ce tesson pourrait provenir de Domecy, mais aussi d'un atelier autunois.







Gobelet de Jaulges-Villiers-Vineux

 Jaulges-Villiers-Vineux (Yonne)
C'est un important groupe d'ateliers situé à cheval sur les communes de Jaulges et Villiers-Vineux. les ateliers s'alignent sur plus d'un kilomètre le long de l'ancienne voie romaine. Production de sigillée, plutôt discrète, et très importante production de gobelets, assiettes et bols, qui ont été diffusés pratiquement sur toute la moitié nord des Gaules. Atelier actif du IIème au Vème siècle. 
Typiquement, celle vaisselle présente des reflets plutôt cuivrés que sombres.













En Gaule de l'Est:
Le terrain est vaste, et au moins 33 ateliers ont fabriqué des céramiques engobées ou métallescentes. Beaucoup d'entre eux sont mal connus, et n'ont été l'objet que de reconnaissances sommaires. 
La Vallée de de l'Argonne par plusieurs ateliers, notamment Avocourt et les Allieux, a assuré une production très importante de gobelets, dont on a déjà vu un exemplaire plus haut.. Les formes y sont assez diverses. Gobelets à haut col, souvent ornés de dépressions, mais aussi gobelets tulipiformes à haut pied, comme l'exemplaire de droite ci-dessous
L'Alsace, par plusieurs ateliers et notamment Bourgheim et Brumath connaissent un assez fort développement de ces variétés de céramique toujours aux mêmes époques. L'exemplaire de gauche ci-dessus, très atypique par sa forme provient d'un atelier encore inconnu. Le centre de gravité des découvertes de récipients montrant cette forme se situe dans le département du Bas-Rhin, mais l'atelier de production reste à découvrir. Ce cas de figure illustre bien tout ce qu'il reste à découvrir sur cet artisanat.


Les ateliers de Rhénanie: 
Probablement les plus nombreux , ils sont plus de 20 a avoir fabriqué des céramiques engobées. Mais c'est avant tout l'atelier de Trèves (Augusta Treverorum, capitale de cité de trévires, puis capitale impériale à la fin du IIIème siècle) qui s'est rendu célèbre par sa splendide production de céramique métallescente. 
Photo Trierer Rheinisches Landesmuseum
(www.landesmuseum-trier.de)
Ces ateliers ont été actifs dès le Ier siècle de notre ère. D'abord ce sont des céramiques "belges" qui y ont été fabriquées, puis dès 130 environ démarre une production de sigillée, ainsi que probablement les premières céramiques fines engobées, remplacées vers la fin du siècle par la céramique métallescente qui connaîtra son apogée au IIIème siècle. Une courte interruption semble s'être produite vers les années 275 marquées par des conflits avec les peuples germaniques. Une deuxième phase de production s'établit entre 275-280 et 350 environ. Mais la qualité de la première phase ne sera jamais totalement retrouvée.
Les pièces les plus évoluées montrent parfois ds portraits de divinités, comme l'exemplaire ci-contre sur lequel on remarque ceux de Minerve et Hermès. L'apposition de devises à boire est très fréquente et appraît presque systématiquement lors de décors à la barbotine blanche.
Réaliser de telles pièces en une seule cuisson est un tour de force. Rappelons qu'in ne s'agit pas de "peintures" mais de sélections d'argiles qui doivent, une fois cuites présenter des coloris bien précis. Et en plus il faut qu'elles accrochent sur l'engobe préalablement posé.
Bouteilles exposées au  Landesmuseum de Trèves
Photo Trierer Rheinisches Landesmuseum (www.landesmuseum-trier.de)
Généralement toutefois, on s'est contenté d'un décor blanc, ou en deux couleurs, le blanc et l'orangé ou le rose pour les grappes. Le blanc est réalisé à partir d'une argile ne contenant pas d'oxyde de fer, tandis que les roses ou orangés sont obtenus par des mélanges d'argiles blanches et de terres plus ferrugineuses


Nous terminons ici ce tour d'horizon et renterons plus tard de devenir sur des régions de production plus précises. Pour celles et ceux qui voudraient en savoir plus, les ouvrages ci-dessous sont très précis et indispensables. Mais très, très techniques...

Ouvrages de référence cités:


LA CERAMIQUE ROMAINE EN GAULE DU NORD. Dictionnaire des céramiques: Raymond Brulet, Fabienne Vilvorder et Richard Delage . Brepols Publishers, Turnhout, Belgique, 2010. ISBN 978-2-503-53509-8.

CERAMIQUES ENGOBEES ET METALLESCENTES GALLO-ROMAINES : Brulet R. ,Symonds P et Vilvorder F. (Dir.) : Actes du colloque organisé à Louvain-la-Neuve en 1995. Rei Cretariae Romanae Fautores, Oxford, 1995

SYMONDS R.-P. Rhenish wares. Fine dark coloured pottery from Gaul and Germany. Oxford University Committee for Archeology, Oxford, 1992