Les
cultures de l’Italie d’avant les Romains sont d’une richesse insoupçonnée. Ces
curieux récipients au nom imprononçable et d’origine paraissant tout à fait improbable
en sont une expression parmi des milliers d’autres. Brièvement, voyons de quoi
il en ressort:
Un
askos est une cruche asymétrique de tradition grecque, à une ou deux embouchures
latérales. C’est une forme très ancienne
quoique peu connue, dont l’origine remonte aux âges du bronze, et qui a évolué
avec le temps. A l’origine l’askos peut avoir soit une forme animale, ou encore
évoquer la forme d’une outre. Sous cette forme sphérique ou ovoïde à embouchure
latérale, elle disparaîtra avec l’arrivée de la culture latine.
Précisons
encore que le terme « askos » (outre) est moderne. On ne connaît pas
le nom donné dans les langues anciennes à ce type de récipient.
L'askos qui a servi de modèle. Collection F. E., Genève. Photo issue de:
L'Art des peuples italiques
: 3000 à 300 avant J.-C. Ed. Musée d'Art et d'Histoire de Genève -
Société Hellas et Roma
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Et les Dauniens ? Qui
sont-ils ? Peu connus, c’est un peuple d’Italie méridionale dont le territoire
est à situer dans les Pouilles actuelles, dans la région de Foggia. Leur histoire
est mal connue et se confond parfois avec celle de leurs voisins Samnites souvent
en conflit avec Rome. On sait qu’ils apparaissent vers le VIIIème siècle avant
notre ère et bien qu’intégrés à la Grande
Grèce et assurant des contacts avec les populations voisines,
conserveront une riche culture particulière indépendante.
Les
askoi ici illustrés en sont un des reflets, et tant les formes que les décors
sont tout à fait typiques de l’expression artistique daunienne. Il s’agit là de
pièces témoignant du troisième style subgéométrique. Les pièces plus anciennes,
elles aussi décorées de bandeaux peints, portent moins de détails, les
premières étant simplement décorées de bandes colorés, sans cette multitude de
petits motifs et détails qui font le charme de ces pièces de troisième style.
La production de ces cruches est à situer entre 350 et 300 avant notre ère,
notamment à Canosa, une ville importante où un atelier a été identifié. A ce
moment, cette ville, comme toutes les Pouilles et l'essentiel de l'Italie méridionale
sont donc encore partie prenante de la Grande Grèce. Les Romains conquirent la région au cours de la
guerre contre les Samnites et contre Pyrrhus entre les IVème et IIIème siècles
av. J.-C. La conquête par les Romains de toutes les villes de Pouilles se
termina en 260 av. J.-C. Le rouleau
compresseur de la culture latine et romaine entraîna rapidement le déclin, puis
la disparition par absorption de la culture daunienne.
Un autre exemplaire à nouveau de style très proche.
Metropolitan Museum of Art in New York City, New York. Photo © Mary Harrsch
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Ce dernier exemplaire du British Museum porte un décor plus simple, mais est aussi de plus petite taille. Photo www.britishmuseum.org, droits limités. |
Précisons-le d'emblée, réaliser de telles pièces n'est pas simple. Elles sont entièrement modelées, mais hors de question de travailler aux colombins. Bien que cela soit techniquement possible, cela prend énormément de temps, et le fond rond de ces pièces rend l'opération plus que périlleuse. Il est plus pratique de mouler deux coques hémisphériques, de les coller ensemble et de découper après coup l'ouverture du col. Suffisamment grande, on pourra y passer la main pour parfaire le joint d'assemblage, puis on pourra monter le col et l'anse. Un gros travail de battage est nécessaire pour corriger les imperfections et parfaire les formes. L'argile utilisée est une terre très claire chamottée. Un polissage aux galets est donc nécessaire.
Ensuite, le corps est entièrement engobé rose pâle, puis le décor est peint. la couleur est obtenue par une argile enrichie au manganèse, le "braunstein" connu depuis la préhistoire et donnant des tons bruns-violacés.
Mieux vaut être assez zen avant d'entreprendre un tel décor. Une tache ne pardonne pas sur un engobe clair. On peut toujours la recouvrir d'un petit motif supplémentaire si elle n'est pas trop importante...
Dernier détail: quasi impossible de travailler au pinceau... la réserve de barbotine n'est pas assez importante et on doit faire des raccords tous les deux centimètres. Et il y a près de dix mètres de filets... Impossible aussi de travailler à la pipette, le mélange est trop liquide. Il a fallu trouver une autre méthode...
Je vous raconterai tout ça un jour...
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